Résumé | On a observé que la substance P (SP) avait des effets semblables à ceux de la cocaïne sur la transmission synaptique excitatrice dans le noyau accumbens (NAc). Afin de déterminer si la SP agit comme un médiateur endogène et a des effets semblables à ceux de la cocaïne, dont on sait qu’ils sont médiés par les récepteurs dopaminergiques D1, nous avons cherché à vérifier l’hypothèse selon laquelle la SP bloque les effets de la cocaïne sur les courants postsynaptiques excitateurs dans le NAc, et vice versa. Nous avons observé dans le cadre de nos travaux que la SP et le peptide SP5–11 bloquent l’effet de la cocaïne, et inversement. La SP, le peptide SP5–11 et la cocaïne ont tous provoqué une dépression des courants synaptiques évoqués médiés par des récepteurs non NMDA (N-méthyl-D-aspartate), effet qui était fonction de la concentration; les CE50 étaient de 0,12, 0,17 et 8,3 μm, respectivement. Bien que la cocaïne ait été la moins active de ces substances, elle s’est révélée être la plus efficace. La SP, le peptide SP5–11 et la cocaïne ont tous les trois supprimé des courants postsynaptiques excitateurs isolés évoqués par des récepteurs NMDA. La dépression des courants postsynaptiques excitateurs induite par le peptide SP5–11 (1 μm) a été bloquée par la molécule L732138, un antagoniste de la neurokinine-1, et par la molécule SCH23390, un antagoniste des récepteurs de type D1. Le prétraitement des coupes par la cocaïne (30 μm) a déprimé le courant postsynaptique excitateur de 39,1 % ± 4,8 %. L’application de la SP ou du peptide SP5–11 (1 μm) au moment où l’effet dépressif de la cocaïne sur le courant postsynaptique excitateur était à son maximum n’a provoqué aucune diminution additionnelle de la réponse (5,7 % ± 2,8 %). Dans les expériences inverses, où l’on appliquait d’abord la SP ou le peptide SP5–11, l’application de la cocaïne au moment où l’effet de la SP ou du peptide était à son maximum (30,3 % ± 2,3 %) a entraîné une dépression additionnelle, quoique légère (15,5 % ± 3,6 %), du courant postsynaptique excitateur restant. Selon ces données, la cocaïne et la SP ont un effet similaire sur la transmission synaptique excitatrice dans le NAc et se bloquent mutuellement. Ceci donne à penser que la SP peut agir comme la cocaïne en l’absence de celle-ci et servir de déclencheur endogène du circuit de la récompense et des comportements associés à la cocaïne. |
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